La pré-éclampsie touche de plus en plus de femmes pendant leur grossesse. Cette pathologie n’est pas anodine et doit être rapidement prise en charge pour éviter des complications. La pré-éclampsie se traduit par une hypertension artérielle chez la femme enceinte, ainsi que par une protéinurie, soit la détection de protéines dans les urines. Même si 1/3 des accouchements prématurés sont liés à cette pathologie, la majorité des femmes donnent naissance à des enfants en bonne santé.
Qu’est-ce que la pré-éclampsie ?
Définition de la pré-éclampsie
La pré-éclampsie est une pathologie courante chez la femme enceinte. Elle se caractérise par de l’hypertension artérielle, soit une augmentation de la pression artérielle. Cette pathologie s'associe également à la présence de protéines dans les urines. La pré-éclampsie provoque un dysfonctionnement du placenta, essentiel dans les échanges entre la mère et l'enfant.
Elle est la cause de près d’⅓ des accouchements de grands prématurés en France. Dès la 20e semaine d’aménorrhée, la pré-éclampsie, caractérisée par ce dysfonctionnement du placenta, produit une irrigation sanguine anormale entre la mère et le fœtus, ainsi qu’une coagulation anormale du sang chez la femme enceinte, ou encore un problème de la tolérance immunitaire du fœtus.
Pour 70% à 75% des cas de pré-éclampsies, il s’agit d’une première grossesse, même si elle peut intervenir dans des grossesse ultérieures. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette pathologie. La femme enceinte devra rapidement être prise en charge pour éviter des complications majeures.
Les risques d’une pré-éclampsie non-traitée
Avec environ 40.000 femmes atteintes de pré-éclampsie durant leur grossesse, c’est près de 5% des femmes enceintes qui sont concernées. La pré-éclampsie peut entraîner un pronostic vital de la mère et du fœtus pour 10% des femmes atteintes de cette pathologie. Avec environ 20 décès maternels par an, la pré-éclampsie doit rapidement être diagnostiquée et traitée afin d’éviter des complications graves.
En effet, les complications peuvent évoluer et arriver rapidement au cours du 3e trimestre de grossesse. On notera notamment des convulsions dues à l'hypertension artérielle intracrânienne de la femme enceinte, autrement dit, l’éclampsie. La pré-éclampsie peut générer un hématome rétroplacentaire qui provoque un décollement du placenta. Les flux sanguins et échanges entre la mère et le fœtus ne sont ainsi plus assurés correctement. La mère peut ressentir de fortes douleurs abdominales et présenter des pertes de sang foncées.
Des anomalies de contractions utérines et du rythme cardiaque fœtal peuvent également être détectées. Les femmes souffrant de pré-éclampsie peuvent présenter le syndrome HELLP. Ce syndrome se caractérise par une destruction des globules rouges dans le foie, une augmentation des enzymes hépatiques et une diminution des plaquettes sanguines pouvant être à l'origine d'hémorragies.
La pré-éclampsie non traitée engendre très rarement une insuffisance rénale ou une hémorragie cérébrale.Pour le fœtus, une pré-éclampsie non-traitée peut provoquer un retard de croissance intra-utérin. C’est le cas en moyenne pour 7 à 20% des grossesses avec hypertension artérielle.
Comment diagnostiquer la pré-éclampsie ?
À quel moment et comment se déclare la pré-éclampsie ?
La pré-éclampsie se détecte en moyenne après 20 semaines d’aménorrhée, soit au cours du 2e trimestre. Deux marqueurs biologiques vont être examinés. Le praticien va évaluer le facteur de croissance placentaire, soit le PGF, ainsi que la croissance vasculaire, soit VEGF. C’est le ratio entre le PGF et le VEGF qui permet d’établir si la grossesse présente un risque de pré-éclampsie. Si la valeur est inférieure à 38, le risque de pré-éclampsie est écarté avec certitude. Dans le cas où la valeur est supérieure à 38, la grossesse est à surveiller pour définir si un risque de pré-éclampsie est avéré.
Parmi cette catégorie, peu de femmes enceintes présenteront in fine une pathologie de pré-éclampsie. Ce ratio permet surtout d’écarter des femmes présentant des risques, comme les mères en surpoids ou souffrant de diabète. La pression artérielle des femmes enceintes atteintes de pré-éclampsie est supérieure à 140 mmHg et/ou 90 mmHg, et la concentration des protéines dans les urines doit être supérieure à 0,3 g/24 h. L’analyse d’urine est réalisée à chaque consultation médicale de la femme enceinte, soit 1 fois par mois. Certains cas de pré-éclampsie peuvent être diagnostiqués même en l’absence de protéinurie.
Il s’agit principalement des femmes pour qui l’hypertension artérielle s’associe à des symptômes comme la diminution des plaquettes sanguines, une inflammation du foie, une insuffisance rénale, des troubles de la vision ou encore un oedème pulmonaire. Pour quelques cas de grossesse, cette pathologie peut arriver quelques semaines avant l’accouchement ou même après. Parfois, l’hématome rétroplacentaire généré par la pré-éclampsie est trop petit pour être détecté durant la grossesse, et il n’est découvert que lors de l’accouchement.
Les symptômes de pré-éclampsie
La pré-éclampsie se manifeste par différents symptômes. On relève notamment des troubles visuels, des acouphènes (des bourdonnements d’oreilles), de fortes douleurs abdominales ou des vomissements. Les femmes enceintes peuvent également être alarmées par la constatation d’une diminution ou d’un arrêt des urines.Pour certaines femmes, elles constateront une prise de poids rapide et conséquente en l’espace de quelques jours, générée par l’apparition d’œdèmes.
Les principaux facteurs de risques
La pré-éclampsie intervient généralement lors d’une première grossesse. Cependant des cas de pré-éclampsie ont été constatés pour des grossesses ultérieures. Ce fort taux de pré-éclampsie uniquement pour une 1e grossesse semblerait s’expliquer par une adaptation du système immunitaire de la mère aux antigènes du père, s’il s’agit du même partenaire. Cette modification favorise une meilleure implantation du placenta dans l’utérus.
Plusieurs autres facteurs de risque peuvent être à l’origine de cette pathologie comme : une grossesse multiple, un diabète, de l’obésité, des problèmes rénaux, un âge de la femme enceinte de plus de 40 ans ou de moins de 18 ans, des ovaires polykystiques, une maladie auto-immune, une procréation médicalement assistée avec don de sperme, ou encore le manque d’exposition au sperme de son partenaire notamment par l’utilisation d’un préservatif. Les antécédents familiaux de pré-éclampsie correspondent à 50% des cas de pré-éclampsie chez la femme enceinte. Elle survient en effet par une transmission génétique.
Quels sont les traitements pour la pré-éclampsie ?
L'hospitalisation et la prise en charge médicale
La prise en charge de la pré-éclampsie se traduit par une hospitalisation de la femme enceinte, afin d’éviter les complications.Pour une meilleure prise en charge de la femme enceinte et du fœtus, elle est orientée vers une maternité pouvant prendre en charge la pathologie et un éventuel accouchement prématuré. Un suivi médical est ainsi mis en place afin de contrôler sa tension artérielle, l’arrivée d’éventuels symptômes, ainsi que la bonne santé de ses fonctions vitales.
L’équipe médicale suit également l’avancée de la pathologie sur le développement du fœtus. Pour mesurer la croissance du fœtus, une échographie est réalisée tous les 15 jours. Selon le degré d’avancement de la pathologie, les praticiens peuvent prendre la décision d’avancer la naissance, par voie naturelle ou césarienne.Un traitement est administré à la femme enceinte pour contrôler sa pression artérielle. Parfois, pour renforcer le développement du fœtus, un traitement à base de corticoïdes peut être prescrit avant la 34e semaine d'aménorrhée.
En prévention de la pré-éclampsie, une étude scientifique a démontré que l’aspirine permettrait de réduire de 2 à 4 le risque de pré-éclampsie. L’effet préventif de l’aspirine est possible si elle est administrée avant la 16e semaine de grossesse. Cependant, les marqueurs pouvant déceler la pathologie ne se réalisant qu’à partir de la 20e semaine de grossesse, il n’est pas possible d’administrer ce traitement préventif à toutes les femmes enceintes. L’enjeu réside donc dans la détection de la maladie en amont. Pour l’instant, les avancées de la médecine n’ont pas encore pu établir un protocole médical.
Le suivi post-accouchement
Après l’accouchement, la majorité des femmes présentant un diagnostique de pré-éclampsie donne naissance à des enfants en bonne santé. Le suivi médical s'opérera durant les 6 semaines qui suivent l'accouchement pour éviter les complications. Si les femmes souffrent toujours d'une hypertension artérielle, un traitement antihypertenseur lui est prescrit.
Les jeunes mamans doivent suivre une analyse médicale de leur pression artérielle et de la présence de protéines dans les urines sur le long terme. Durant les 6 semaines après l'accouchement, les mères pourront prendre une contraception non-hormonale ; la contraception hormonale étant contre-indiquée pour éviter tout risque d'obstruction veineuse ou artérielle.