Sexualité pendant la grossesse, on vous dit tout !

Sexualité pendant la grossesse, on vous dit tout !

Il ne fait aucun doute qu’il n’existe aucun mode d’emploi en matière de sexualité pendant la grossesse. Les points de vue divergent en effet au sein de chaque couple, et même au sein du corps médical. C’est dire à quel point la corrélation entre sexualité et grossesse mérite d’être étudiée afin de mettre en exergue les différentes conceptions, et surtout démêler le vrai du faux.

Sexualité et grossesse : les appréhensions et leurs causes

La plupart des couples développent des appréhensions dès la survenue d’une grossesse. Cela aura un impact considérable sur leur sexualité, en fonction de la région où l’on se trouve. Dans une société contemporaine où la sexualité semble assez banalisée, il se développe très étonnamment un tabou prononcé lorsque la femme tombe enceinte.

La future maman, de même que le futur papa, chacun à sa manière se fait des idées sur son prochain rôle et les responsabilités qui lui incombent. De ce fait, la sexualité se voit très souvent chamboulée, par peur de faire du mal au bébé ou de déclencher un accouchement prématuré.

Certains parleront même de « bébé voyeur ». Ce malaise se caractérise de façon plus spécifique chez le père qui, mentalement, se représente une relation incestueuse avec pour conséquence la perte du désir sexuel.

En outre, lorsqu’une femme a eu un antécédent de grossesse avec complications, d’emblée elle se renferme et évite des contacts sexuels en mettant en avant la peur de recréer les conditions qui donneront naissance au même scénario.

C’est une crainte légitime même si logiquement elle n’est pas fondée. Le mari de son côté, essayera d’accompagner au mieux sa compagne dans cette phase difficile. Soit en étant à ses côtés et en abordant le sujet avec elle, soit en lui donnant de l’espace et du temps afin qu’elle puisse vivre sa « maternalité » comme elle l’entend.

Les conséquences de ces appréhensions

Les différentes appréhensions qui surviennent durant la grossesse peuvent créer des conséquences positives ou négatives en fonction de la manière dont elles sont gérées par le couple. Une bonne stratégie d’adaptation sexuelle des couples durant la grossesse passe indubitablement par la communication. «Nous sommes toujours trois dans une relation : l’autre, moi et la relation qui nous relie», chacun est responsable de son «bout» de la relation.

Communiquer revient donc à exprimer le fond de sa pensée dans le but de se faire comprendre par l’autre et en attendant par la suite un retour de sa part. Cette communication est d’autant plus importante durant la grossesse car, le corps de la femme va subir des changements qui auront des retombées sur non seulement la sexualité, mais également sur l’ image de son corps, la façon dont elle se perçoit et la façon dont on la perçoit.

Une étude rapporte que 74% des femmes et 61% des hommes ont parlé de la sexualité plusieurs fois avec leur partenaire ou un proche durant la période gestationnelle. Ce qui a bien évidemment eu un impact positif sur leur relation.

Cependant, le manque de communication au sein d’un couple attendant un enfant peut conduire à une non-adaptation de la sexualité du couple à la situation de la grossesse. Conséquence, il pourrait se créer un énorme fossé entre les conjoints qui tentent de trouver des solutions individuellement.

De nombreuses études montrent des cas d’infidélité durant la grossesse, lorsque le couple n’est pas en harmonie. D’après l’étude de Pierrepont en 2016, 4,5% des femmes et 6,0% des hommes ont été infidèles au cours de la grossesse. D’après celle de Doucet-Jeffrayet Miton-Conrath en 2004, 2,8 % des hommes disent avoir eu une relation extraconjugale au cours de la grossesse de leur partenaire. Or l’enquête de Bajos et al. en 2008, montre qu’en dehors de la grossesse 3,6% des hommes et 1,7% des femmes vivant en couple rapportent avoir eu, au cours des 12 derniers mois une relation extraconjugale.

Outre l’infidélité et les séparations qui peuvent survenir au cours de la grossesse, on note également des violences conjugales. Ces dernières sont d’abord en soi ou envers soi et exprimées sous forme de dépression, et envers l’autre sous forme de pressions psychiques ou de maltraitances physiques.

Ces violences peuvent continuer dans la période post-partum et influencer l’harmonie de la famille avec des divorces recensés quelques temps après la naissance de l’enfant.

Comprendre l’évolution du désir sexuel durant la grossesse

Afin de bien communiquer sur la sexualité durant la grossesse, il est indispensable de comprendre l’évolution du désir sexuel pendant la période gestationnelle. En effet, même si toutes les femmes ne vivent pas leur grossesse de manière similaire, il ressort tout de même certaines convergences qui permettent d’établir une sorte de grille de compréhension du désir sexuel à chaque stade de la grossesse.

Le désir sexuel durant le premier trimestre

Hormis la crainte infondée d’une fausse-couche pouvant survenir au premier trimestre à cause d’un rapport sexuel, la libido n’est très souvent pas au rendez-vous. Cette période est fortement chargée en émotions.

Le taux d’hormones en hausse crée des modifications corporelles et biologiques qui ne laissent pas une grande place au désir sexuel. Entre nausées, fatigue constante, vomissements et irritabilité, le couple doit faire face à un trimestre assez tumultueux.

Le deuxième trimestre ou « la lune de miel de la grossesse »

D’après le Dr Catherine Solano, médecin sexologue, le deuxième trimestre est souvent appelé « la lune de miel de la grossesse ». L’organisme de la femme a eu le temps de s’ accommoder aux différents changements dus à la grossesse. Les nausées ont disparus, les seins ont pris du volume et le ventre n’est pas encore assez gênant.

L’homme trouvera sa compagne plus sexy et la femme se sentira mieux dans sa peau. Le désir sexuel renaît de plus belle. Et ce qui est intéressant, c’est l’augmentation de la lubrification vaginale et des sensations sexuelles féminines due à l’intense circulation du sang dans la zone sexuelle.

Les femmes sont donc plus enclines à avoir des rapports sexuels et certaines éprouvent même leur premier orgasme durant cette période.

Le troisième trimestre ou la dernière ligne droite

L’inhibition du désir sexuel au cours du troisième trimestre est plus dû à l’inconfort associé aux changements corporels qu’à autre chose. Aucune étude n’a pour le moment trouvé une corrélation entre les contractions vaginales provoquées durant l’orgasme et le déclenchement du travail. Il est donc possible d’avoir des rapports sexuels jusqu’au terme de la grossesse sans pour autant mettre la vie du bébé ou de la femme en danger.

Bien évidemment, les positions utilisées habituellement ne seront plus au rendez-vous à cause du volume plus prononcé du ventre. Il faudra être créatif et trouver de nouvelles sensations qui feront plaisir aux deux partenaires.

Il est important de noter qu’un acte sexuel ne se résume pas uniquement à une pénétration, ce qui veut dire que l’activité sexuelle peut continuer à être épanouie même avec un ventre plus imposant.

Sexualité et grossesse : les contre-indications

« Beaucoup de médecins interdisaient les relations sexuelles aux femmes à risque d’accouchement prématuré et ils le faisaient plus par principe de précaution que parce que le risque était prouvé. » explique le Dr Catherine Solano, médecin sexologue.

Dans plusieurs cas, les rapports sexuels ne sont interdits que par mesure de précaution comme le signale cette professionnelle. Cependant, il peut arriver des cas de force majeure où il devient indispensable de mettre un terme aux rapports sexuels ou de les avoir étant protégé. Il s’agit notamment de :

- Cas de placenta prævia (recouvre le col de l'utérus), la pénétration vaginale par le pénis comme lors du toucher vaginal peut provoquer des saignements.

- Cas de menace d’accouchement prématuré. L’orgasme peut provoquer des contractions qui modifient le col de l’utérus.

- Cas d’IST ou de MST découvertes au cours de la grossesse. Il est recommandé d’utiliser un préservatif afin d’éviter la transmission et d’assurer la sécurité du bébé.

Même s’il n’existe pas une réelle corrélation entre la sexualité et l’évolution de la grossesse, les couples qui ont une sexualité harmonieuse, ne doivent pas être découragés à en avoir. Si l’enfant peut ressentir les émotions de sa mère, il est d’autant plus important de la garder dans un état émotionnel positif, et la sexualité est un bon moyen pour atteindre cet objectif.

Références

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